dimanche 3 avril 2011

Nous sommes énergie




Tout notre corps, notre esprit sont fait d’énergie. Alors pourquoi ne progressons-nous pas de façon manifeste ? La raison est qu’habituellement notre énergie est dissipée. Comme un flot partagé en des milliers de canaux qui lui font perdre sa force, notre énergie coule vers des objets innombrables, divisée dans de multiples directions. Bien qu'un peu de cette énergie aille dans la vie spirituelle, le reste va vers toutes sortes de choses qui vont à l'encontre de la vie spirituelle et l’on se sent déchiré et épuisé.

1) Nos énergies sont bloquées pour des raisons diverses : la frustration, la déception, la peur d'être blessé ou d'un conditionnement ou d’une éducation défavorable. Ainsi, nos énergies s'agglomèrent, durcissent et se pétrifient en nous. Par-dessus tout peut-être, l'énergie est bloquée par l'absence de vraie communication. La vraie communication a un effet dynamisant, presque électrifiant.

2) Nos énergies sont aussi simplement gaspillées, on les laisse se perdre à travers la complaisance d’émotions négatives : peur, haine, colère, malveillance, antagonisme, jalousie, apitoiement sur soi-même, culpabilité, remords, anxiété… tout ceci gaspille de l'énergie à un rythme catastrophique. Ce n'est pas juste une complaisance occasionnelle de notre part, nous n'avons qu'à nous rappeler les dernières 24 heures pour voir le nombre de fois où nous avons donné libre cours à ces états d'esprit, une véritable hémorragie ! Et puis, il y a les expressions verbales de ces émotions négatives : grogner, critique malveillante, répandre pessimisme et tristesse, trouver à redire, décourager les autres, commérages, faire des remarques continuelles, etc. Par tous ces canaux, l'énergie fuit et n'est plus disponible pour des buts spirituels.

3) Nos énergies sont trop brutes : on ne peut pas méditer avec ses muscles, même s'ils sont forts et puissants ; la méditation demande quelque chose de plus raffiné.

Pour arrêter le gaspillage d'énergie, on commence par prendre conscience que l'on se complaît dans des émotions négatives, il faut les arrêter par un acte de volonté.

Une autre façon de conserver l'énergie est d'introduire plus de silence dans notre vie. Une énorme quantité de notre énergie part dans la parole. Si l’on est silencieux un moment, quelques minutes, quelques heures, un jour peut-être, seul, tranquille chez soi, l'énergie s'accumule en soi merveilleusement et l'on se sent calme, paisible, conscient, attentif. C'est comme si une source d'énergie fraîche et claire brouillonnait à l'intérieur, pure parce qu'elle est contenue en soi, ne s'exprimant extérieurement d'aucune façon.

Quand ses énergies coulent toutes dans une seule direction, qu'elles ne sont plus divisées, le bodhisattva devient l'incarnation de l'énergie. En même temps, pas de précipitation, pas de tapage, pas d'impatience ou d'agitation, juste une activité continue et sans faille pour le bien de tous les êtres sensibles.

Extrait de 'The Bodhisattva Ideal', Sangharakshita, Windhorse Publications 1999