mardi 26 avril 2011

Les dix royaumes

La philosophie bouddhiste a classifié les conditions d’existence en plusieurs zones appelées les dix royaumes. Six d’entre eux correspondent au monde de l’illusion, au monde des êtres ordinaires, au cycle de la naissance et de la mort (samsara). Ces six royaumes sont:

-Le naraka c’est-à-dire l’enfer. Dans cette condition, la souffrance morale et physique est omniprésente. L’esprit est tourmenté, noyé dans une perpétuelle confusion, le corps est brisé, torturé.


-Le royaume des pretas, ou esprits affamés. Les pretas (gakis en japonais) sont représentés par des êtres ayant un énorme ventre et une toute petite bouche, pas plus grande que le chas d'une aiguille. Continuellement affamés, ils sont entièrement possédés par la convoitise, l’envie, l’avidité, la jalousie.
Des pretas en action sur un emaki japonais du XIIe siècle (source wikipédia)

-Le royaume des animaux. Les êtres sont alors seulement guidés par des désirs animaux, désir de nourriture, désir de sexe, tandis que leur esprit est inerte, pris de torpeur.

 Asura in Kōfuku-ji , Nara , 734, japonais (source wikipédia)
-Le royaume des asuras, ou des guerriers, des êtres combatifs. L’agressivité, le désir de gagner, d’être le meilleur dominent dans cette condition d’existence.

-Le royaume des êtres humains. Les êtres sont occupés par les circonstances de la vie, la vie familiale, la vie sociale et professionnelle.

-Le royaume des devas, des divinités. Les devas sont de êtres célestes qui vivent dans la félicité, c’est une condition de bonheur personnel et d’auto contentement.

Ces six royaumes sont parfois compris comme les six états dans lesquels se réalisent les renaissances. En fonction de ses actes, de son karma, bon ou mauvais, on renaît dans l’une de ces conditions; par exemple, lorsque l’on fait preuve de cupidité toute sa vie, notre future naissance prend forme dans le royaume des pretas. L’ensemble forme la samsara, le cycle des renaissances. La condition de félicité des divinités fait partie de ce cycle.

En fait, dans l’enseignement réel du bouddhisme, ces états correspondent à des conditions transitoires de notre esprit que l’on traverse successivement, tant au cours de la journée qu’au cours de notre vie. Selon les individualités, selon les périodes de la vie, tel ou tel état peut prédominer. En se regardant soi-même, chacun peut comprendre qu’il est animé momentanément par l’une ou l’autre de ces conditions d’existence. Nous devons réaliser que, traversant chaque état nous voyons le monde au travers de cet état. Parfois nous le voyons avec les yeux de la souffrance, parfois avec ceux de la convoitise, du désir sexuel, de l’envie de gagner, de nos préoccupations familiales, de notre bonheur actuel. S’éveiller, c’est s’affranchir de cette vision conditionnée par un état transitoire...

A suivre (car si vous avez bien compté il nous reste quatre royaumes à évoquer).

P. Dokan Crépon: Pratiquer le zen. Pocket.